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LA GRÈCE SAUVÉE.

À Lycurgue donné par Homère lui-même,
Elles nous rappelaient, en chœur mélodieux,
Le parjure Ilion détruit par nos aïeux ;
Diomède attaquant les Dieux de la Phrygie,
Et de leur sang versé sa main deux fois rougie ;
Ajax percé de traits, seul, mais terrible encor,
Bravant tous les Troyens commandés par Hector ;
Et ce superbe Hector, leur appui, leur asile,
Tombant aux yeux des siens sous la lance d’Achille.
Elles chantaient : nos cœurs s’enflammaient à leurs voix
Enfin nous les quittons vers cet antique bois
Où l’on dit qu’au milieu d’un époux et d’un père.
Contrainte de nommer celui qu’elle préfère,
Pénélope autrefois, dans un tendre embarras,
Se couvrit de son voile et ne répondit pas.
Icare de sa fille entendit le silence,
Et du modeste amour respectant la puissance,
Dans ces lieux où cessa l’empire paternel,
Lui-même à la Pudeur il bâtit un autel.
C’est là que, recevant les dernières caresses,
Nous vous avons vu fuir, rives enchanteresses,
Heureux vallons de Sparte où j’ai reçu le jour !
Là, mon dernier regard vous perdit sans retour.

 Nous marchons ; le temps vole, et loin de notre vue
Déjà fuit ce marais où l’Hydre fut vaincue.
Le Ménale est franchi : nous errons dans ces bois
Que les pas de Diane ont foulés tant de fois.
Du haut Parthénius nous gravissons les cimes,
Et parmi les rochers, les torrents, les abîmes,