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ŒUVRES DE FONTANES.

Prédit contre les rois de tragiques complots,
La chute des états ou celle des héros.
Nous tremblons pour celui qui marche à notre tâte.

 Le seul Léonidas, qu’aucun danger n’arrête,
Ne voit point le prodige, ou le croit une erreur.
Il fond sur le barbare avec plus de fureur,
Et l’a déjà frappé de sa pique pesante.
Fier Tigrane, la mort devant toi se présente ;
C’en était fait ; tes yeux se fermaient pour toujours
Si l’esprit infernal n’eût protégé tes jours.
Lui-même a détourné le coup qui te menace,
Et la pique en éclats se rompt sur ta cuirasse.
Le roi tire son glaive et ne s’est point troublé ;
Mais de l’Hircanien l’orgueil a redoublé ;
Un large cimeterre, en sa main homicide,
Brille, et tourne à grand bruit autour du fils d’Alcide,
S’abaisse, et sur son casque enfin s’appesantit ;
L’airain tremble, étincelle, et longtemps retentit.
Léonidas se courbe et soudain se relève ;
Dans le flanc de Tigrane il enfonce son glaive,
Et Tigrane blessé perd son sang à longs flots.
Deux fois Mégistias voit contre le héros
Le fantôme effrayant détourner son visage,
Et fondre en rugissant du sein de son nuage ;
Deux fois Minerve oppose au monstre épouvanté
De son égide d’or l’immortelle clarté.
Le héros, de Minerve a senti l’assistance,
Il en est plus terrible, et presse sa vengeance,
Et, jusques dans le sein de son rival allier,