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LA GRÈCE SAUVÉE.

« Viens, suis-moi ; j’instruisis et l’Égypte et la Grèce ;
« Mes conseils de Minos ont guidé la sagesse ;
« J’ai vu descendre ici Linus, fils d’Apollon,
« Orphée, Alcide même, et Lycurgue, et Solon.
« Ose tenter comme eux cet effort magnanime. »

 Il dit : et tous les deux pénètrent cet abime,
Qui, tournant sur lui-même et s’abaissant toujours.
Étend jusqu’aux enfers ses tortueux détours.
Un faible jour brillait de distance en distance :
Comme, au sein de la nuit, sous un ombrage immense
Quand la lune, à travers les rameaux agités,
Réfléchit en tremblant ses douteuses clartés,
Le voyageur croit voir des fantômes sans nombre
Jouer dans les reflets et du jour et de l’ombre,
Tantôt, en se courbant, jusqu’à lui s’allonger.
Tantôt s’évanouir en nuage léger ;
Ainsi, dans ce dédale, un peuple d’ombres vaines
Présente à chaque pas des formes incertaines.
Les Chimères, changeant et de taille et de traits,
Errent confusément dans ces détours secrets,
Et, filles de la Peur, font reparaître encore
Et Typhon aux cent bras, et l’Hydre, et le Centaure.
Placés sur le chemin, des sphinx mystérieux
De leur triple nature, épouvantent les yeux ;
Mais leur trompeuse énigme en ce lieu se révèle.
Le héros, à pas lents, suit son guide fidèle,
Et, dès qu’il les atteint, ces fantômes ont fui.
Un danger plus réel s’offre encor devant lui :
Quand il croit du Cocyte aborder le rivage.