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LA GRÈCE SAUVÉE.


 Léonidas, errant sous le même feuillage
Naguère avait rejoint ces héros du vieil âge.
Et, depuis son trépas, il a compté neuf jours,
Tels que notre soleil les mesure en son cours.
Au sort de sa patrie il rêvait en silence.
Il a vu Thémistocle, et soudain il s’élance,
Et s’écrie en pleurant : « Et toi, grand homme, aussi !
« J’espérais en toi seul, hélas ! et te voici ;
« La Grèce t’a perdu, mon attente est trompée. »

 — « Non, la Grèce vaincra, j’en jure ton épée,
« Lui répond Thémistocle ; apaise les regrets,
« Je vis et te revois par l’ordre de Cérès :
« Elle a conduit mes pas. » Comme il parlait encore,
Sur un char éclatant, du côté de l’aurore,
Sa massue à la main, Hercule est descendu :
« Jouis, Léonidas, de l’honneur qui t’est dû ;
« Mon fils, viens te rejoindre à l’auteur de la race ;
« Jupiter dans l’Olympe a désigné ta place. »
Il dit : son fils s’empresse, et, plus grand qu’un mortel,
Monte avec majesté sur le char paternel.
Tous deux brillent de gloire, et leur vive lumière
Revient sur Thémistocle éclater toute entière.
Achille en les voyant détourne son regard,
Cherche une forêt sombre, et soupire à l’écart :
Briséis l’aperçoit, le console et le guide
Au bord d’une eau riante, où le vieux Méonide
Chantait, plein d’Apollon, sur une lyre d’or,
Et les Troyens vaincus et le trépas d’Hector.