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LA GRÈCE SAUVÉE.

De ces vierges du ciel le maintien se rassure ;
Leur père a de leurs yeux séché les pleurs amers ;
Debout et le front ceint de lauriers toujours verts,
Ici, près d’un autel où brille un feu propice,
Elles offrent pour nous le dernier sacrifice,
Et nuit et jour, leur main, des mortels innocents,
Jette en des urnes d’or et les vœux et l’encens.
Cet encens épuré toujours brûle autour d’elles ;
Il s’élève, et conduit par des routes fidèles,
Monte droit vers l’Olympe, et sur ses hauts sommets
Répand un doux parfum qu’ils gardent à jamais.

 Léonidas parait et le portique s’ouvre ;
Mais, lorsqu’à ses regards l’Olympe se découvre,
Homme et Dieu tout ensemble, il songe malgré lui
À Sparte, aux deux enfants qu’il laissa sans appui.
Oh ! s’il était permis à sa vue inquiète
De revoir un moment les sommets du Taygète,
L’Eurotas et ses fils, et sa chère Amyclé !

 Soudain, comme les Dieux à qui rien n’est voilé,
Il perce d’un regard cette immense étendue
Où, comme un faible point, notre terre est perdue,
Distingue nos climats, nos montagnes, nos mers,
Et jusqu’aux humbles bords qui lui furent si chers,
Sparte et ses citoyens, et la table frugale
Qui nourrit avec eux son enfance royale.
Quel spectacle ! ô douleur près d’un tombeau récent,
Qu’entoure de son deuil un peuple gémissant,
Sous de pâles flambeaux, et d’un crêpe entourée,