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ŒUVRES DE FONTANES.

Les végétaux naissants dévorent ses débris.
L’un par l’autre, comme eux, les métaux se fécondent ;
De ces trois grands états les sujets se confondent,
Et par un autre peuple à toute heure adoptés,
Quittent leurs premiers noms pour des noms empruntés.
Ô Temps ! dont le vol fuit et sans fin recommence,
Ô Temps ! fais des saisons tourner la roue immense.
Que les ans sur les ans reviennent s’entasser :
La Nature en travail ne saurait se lasser.
Là de ses dents d’airain ta bouche la dévore ;
Là, se couvrant de fleurs, elle brille à l’aurore.
Tu frappes, et toi-même apaisant ton courroux,
Lui rends les nourrissons qui tombent sous tes coups.
Depuis le premier jour, dans un ordre fidèle,
Mère auguste et semblable à l’antique Cybèle,
De ses faibles enfants elle anime l’essaim :
Soutenus dans ses bras, ils lui pressent le sein,
L’implorent à la fois ; et sa vaste tendresse
Leur partage un lait pur qui s’écoule sans cesse.
Mais, quand leur multitude accable ses vieux ans,
Ses fils, pour la payer de ses dons bienfaisants,
Transmettent à leur race une vie éphémère,
D’un suc toujours égal rajeunissant leur mère.