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ŒUVRES DE FONTANES.

Qu’un voile pluvieux ombrage et décolore ;
Et l’éclat de ton glaive, aujourd’hui languissant,
 N’est plus qu’un léger météore
Qui brille d’un feu pâle en s’évanouissant.
Voilà donc tout le fruit de tant de renommée !
D’impuissantes vapeurs ta substance est formée ;
Frêle habitant de l’air, ta force n’est plus rien ;
Et les vents à leur gré, d’une haleine inconstante,
 Promènent la pompe flottante
 De ton palais aérien.

Déjà, dans ce palais errant avec les nues,
 La Mort m’appelle près de toi ;
Mon ombre va s’unir à des ombres connues,
Et, pour me soulever, tu te penches vers moi.
 Voici les bardes célèbres
 Qui viennent me recevoir :
 Mes yeux n’ont plus de ténèbres :
 Oh ! que j’aime à les revoir !
 Sur la voûte radieuse,
 Auprès d’eux j’irai m’asseoir.
 Quelle voix mélodieuse
 Gémit dans les vents du soir ?
 Mon oreille en est ravie :
 Ainsi chantait Malvina,
 Lorsqu’au printemps de sa vie
 Le Destin la moissonna.
 Je l’entends : c’est elle encore
 Qui joint la harpe sonore
 À la douceur de son chant ;