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POÉSIES DIVERSES.

À la fille d’un Dieu les crimes des Enfers,
Et qui n’a pas béni ta bonté maternelle,
Lorsque tu viens, cherchant la douleur qui t’appelle,
Appliquer à des maux qu’évitaient tous les yeux,
Ce dictame immortel qui fleurit dans les Cieux ?
Je respecte l’Autel, en détestant la rage
Du superstitieux qui l’invoque et l’outrage.
Cependant, ô scandale ! ils furent célébrés
Ces excès, aujourd’hui par l’Église abhorrés.
Autour de cette tombe où Le Tellier repose,
Que vois-je ? Tout est prêt pour son apothéose,
Un orateur parait ; sur son front respecté
De la Religion se peint la majesté.
Des héros dont sa voix enorgueillit la cendre,
Les mânes ranimés se lèvent pour l’entendre ;
Il parle : à ses accents l’âme des spectateurs
S’agrandit, et du Ciel habite les hauteurs.
Il a l’œil et les traits des prophètes antiques ;
C’est Bossuet, c’est lui qui des vils fanatiques
Encourage, applaudit le zèle criminel ;
C’est lui qui, dans la chaire, au nom de l’Éternel,
Ouvre au persécuteur la demeure suprême,
Et place au sein d’un Dieu l’ennemi de Dieu même !
N’accusons pas pourtant ce sublime orateur
De tromper les humains, de mentir à son cœur.
Trop souvent le grand homme, ainsi que le vulgaire,
Porta des préjugés le joug héréditaire.
On le sait trop, hélas ! les plus fameux esprits,
Quand la France pleurait ses citoyens proscrits,
Célébraient cet exil, honte de notre histoire.