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ŒUVRES DE FONTANES.

Et revoir ce Versaille embelli par ses mains !
Quel moment ! quel réveil ! Les voilà ces lieux même
Où les Arts, décorant son pompeux diadème,
Habitaient dans sa cour, et fiers de son appui,
Venaient avec honneur s’abaisser devant lui.
Un autre éclat succède à leur gloire passée.
L’auguste Liberté, si longtemps repoussée,
Prudente sans faiblesse, et ferme sans orgueil,
Du palais de nos rois ose franchir le seuil.
Elle élève son front sous les mêmes portiques,
Où Louvois a dicté ses ordres despotiques.
Je vois les courtisans fléchir à son aspect,
Accablés de terreur, et non pas de respect.
Puisse-t-elle, en brisant les fers de l’esclavage,
Donner à ma patrie un bonheur sans orage !
Qu’au lieu d’édits sanglants, elle porte en sa main
Ces paisibles écrits, espoir du genre humain ;
Qu’elle abjure le glaive et garde la balance,
Des peuples et des rois fixe enfin la puissance,
Gouverne sans désordre, et, sage en ses projets,
Affermisse le trône en vengeant les sujets !
Aimons la Liberté : mais soyons dignes d’elle.
Déjà sa main nous rend ce ministre fidèle
Que les complots des cours ont trois fois exilé,
Et que le vœu public à trois fois rappelé.
L’opinion, bravant une ligue perfide,
Le couvre tout entier de sa puissante égide,
De ces fameux bannis qu’a défendus ma voix,
Son nom, mieux que nos vers, doit protéger les droits