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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/121

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ŒUVRES DE FONTANES.

Tout est heureux, tout aime, et, fier de son ouvrage,
Dieu dans l’homme ennobli voit briller son image.

 Allons donc, mon ami, poursuivons nos concerts.
Ô juge, ô protecteur du poëte et des vers,
Quand tour à tour ma Muse ou s’élève ou s’abaisse,
Et peint des passions la gloire et la bassesse,
Puissé-je, imitateur de ta variété,
Sans effort éloquent, profond avec clarté,
Correct avec chaleur, énergique avec grâce,
Descendre noblement, monter sans trop d’audace.
Marier tous les tons, et passer sous tes yeux
Et du tendre au sévère, et du grave au joyeux !
Oh ! tandis qu’escorte du bruit de nos hommages,
Ton nom vogue immortel sur le fleuve des âges,
Mon esquif, à ta suite, entraîné dans son cours,
Peut-il du vent propice emprunter le secours,
Et sous ton astre heureux, d’une course inégale,
Suivre, loin des écueils, ta pompe triomphale ?
La gloire à l’autre bord t’appelle, et vient t’offrír
Un laurier que le temps n’a plus droit de flétrir.
Quand les héros, les rois, les ministres célèbres,
Du fatal Westminster peupleront les ténèbres ;
Quand nos fils rougiront de leurs lâches aïeux
Qui t’osaient opprimer, de ta gloire envieux,
Ces vers apprendront-ils au siècle qui va naître
Que tu fus mon ami, mon oracle et mon maître ?
Que j’osai préférer, dans mes graves leçons,
La profondeur du sens au vain charme des sons,
Et dissiper l’éclat d’une fausse science