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DU GÉNÉRAL LAFAYETTE.

absolus, quand il défend la liberté ; mais il est condamnable aux yeux des républicains, quand il ne s’oppose pas aux excès de la licence, qu’il est fait pour réprimer et pour punir. En un mot, les diverses époques de la vie du général Lafayette peuvent justifier ceux qui le louent, ceux qui le blâment, ceux qui le plaignent. On conçoit son premier enthousiasme ; mais bientôt il faut condamner son imprudente faiblesse ; et tout le monde enfin doit louer son repentir, et s’intéresser à ses malheurs.

Les premiers orateurs de l’Angleterre se sont honorés, en implorant pour lui la clémence et la justice de l’empereur. On vient de faire paraître la collection de leurs discours à l’imprimerie du Journal d’Économie publique, chez M. Rœderer, qui s’est fait remarquer aussi parmi les défenseurs de Lafayette. Ces discours sont des modèles que ne peuvent trop étudier les politiques et les orateurs français ; ils y verront avec quelle décence, avec quelle dignité doivent s’exprimer des hommes d’État, et comment on est digne de représenter une grande nation. (Suivent des extraits.)

Veut-on voir un exemple de bienséance encore plus rare parmi nous ? On le trouve dans le discours de M. Fitz-Patrick. Ceux qui le connaissent savent assurément qu’il n’est ni fanatique ni superstitieux. Il parle cependant avec la plus profonde vénération des sentiments religieux de Madame de Lafayette. Il s’indigne qu’on lui ait refusé un confesseur et les autres secours de la religion romaine, qu’elle a, dit-il, demandés inutilement. Il s’est bien gardé, malgré la