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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/156

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ÉLOGE DE WASHINGTON.

En effet, c’est lorsque Washington eut persuadé à ses ennemis qu’il avait assez de force pour gouverner tranquillement l’Amérique longtemps bouleversée, que la paix se conclut sous ses auspices, et que la liberté des États-Unis fut proclamée, des bords de la Delaware jusqu’aux bords de la Tamise. Ainsi tout est pour nous, dans son histoire, une suite d’instructions et d’espérances.

Les caractères de la révolution d’Amérique se retrouvèrent plus d’une fois dans celle de la France. Les colonies s’étaient soulevées contre leur métropole pour faire déclarer leur indépendance. Cette indépendance était reconnue, et cependant les colonies n’étaient point heureuses. Tous les partis étaient encore en présence ; toutes les ambitions subalternes, toutes les haines fermentaient au fond des cœurs. Tant que la guerre étrangère est allumée contre un État qui change sa constitution, l’intérêt commun réunit toute l’activité des passions populaires dans la défense du territoire. C’est le seul moment où leur propre sûreté les force à reconnaître quelque subordination. Leurs rugissements se taisent au milieu du fracas des armes et des chants de la victoire. Mais, au retour de la paix, elles ne sont plus enchaînées par les mêmes craintes ou le même respect. Leur fougue aveugle se tourne quelquefois contre celui même qui sauva la patrie menacée. Washington avait prévu les dangers ; mais il avait préparé tous les remèdes. Il ne crut point que la paix qu’il venait de conclure suffit pour assurer la tranquillité intérieure. Il avait