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ŒUVRES DE FONTANES.

dont il avait un vrai besoin. Une main divine, dit-elle, conduit l’homme dans les recherches nécessaires à son existence, et l’abandonne à lui-même dans les études d’une utilité moins immédiate. Elle ne s’est pas aperçue qu’un tel aveu réduit à peu de chose les bienfaits d’une doctrine qui n’a été bien connue que dans le dix-huitième siècle. Nous verrons encore plus d’une fois que, pour la réfuter, il suffit de l’opposer à elle-même.

Quand des preuves de raisonnement on passe aux preuves historiques, cette perfectibilité sociale, due aux méthodes philosophiques, ne parait pas avoir plus de fondement.

Il semble, en effet, que l’esprit du genre humain ressemble à celui des individus : il brille et s’éclipse tour à tour. On suit les époques de son enfance, de sa jeunesse, de sa maturité, de sa vieillesse et de sa décrépitude. Une main cachée et toute-puissante ramène, dans le monde moral, comme dans le monde physique, des événements qui renversent toutes nos méthodes et trompent toutes nos combinaisons. Les Grecs du Bas-Empire étaient de grands raisonneurs et de subtils métaphysiciens. Leurs opinions métaphysiques, que nous méprisons aujourd’hui, ressemblaient pourtant à quelques autres fort admirées. Ils étaient fiers d’avoir recueilli toutes les lumières de l’ancienne Grèce, et celles de l’école d’Alexandrie. Dans les jours mêmes de leur décadence, ils avaient vu naître des personnages très savants, comme Photius, et des empereurs qu’on appe-