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DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

religion. Celui qui, dans ce temps-là, sur les ruines des temples du christianisme, en rappelait l’ancienne gloire, eût-il pu deviner qu’à peine arrivé au terme de son travail, il verrait se rouvrir ces mêmes temples sous les auspices d’un grand homme ? La prédiction d’un tel événement eût excité la rage ou le mépris de ceux qui gouvernaient alors la France, et qui se vantaient d’anéantir par leurs lois les croyances religieuses que la nature et l’habitude ont si profondément gravées dans les cœurs. Mais, en dépit de toutes les menaces et de toutes les injures, l’opinion préparait ce retour salutaire, et secondait les pensées du génie qui veut reconstruire l’édifice social. Quand la morale effrayée déplorait la perte du culte et des dogmes antiques, déjà leur rétablissement était médité par la plus haute sagesse. Le nouvel orateur du christianisme va retrouver tout ce qu’il regrettait. Du fond de la solitude où son imagination s’était réfugiée, il entendait naguère la chute de nos autels : il peut as-

    enrichirent dans un temps, je ne me permets d’en indiquer que deux : l’un (au tome 8, page 387) est un dialogue sur les unités, en opposition aux théories professées alors à l’Athénée par l’honorable M. Lemercier. La raillerie un peu vive nous empêche d’en rien regretter ici. L’autre article (au tome 2, page 575) porte contre les nouveaux mots et les locutions révolutionnaires qui faisaient invasion dans la langue ; il se résume dans cette heureuse pensée : « Ce n’est peut-être pas dans les langues les plus faciles à manier qu’on doit produire les ouvrages les plus parfaits et les plus durables : la nôtre est comme la mine où l’or ne se trouve qu’à de certaines profondeurs. » — Ces explications données, il a paru suffire ici de recueillir les trois principaux morceaux de critique publiés par Fontanes en ces années, sur madame de Staël, sur le Génie du Christianisme, et sur Thomas.