Aller au contenu

Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

et les traditions des âges. Son entreprise doit plaire à tous, et n’alarmer personne ; car il s’occupe encore plus d’attacher l’âme que de forcer la conviction. Il cherche les tableaux sublimes plus que les raisonnements victorieux ; il sent et ne dispute pas ; il veut unir tous les cœurs par le charme des mêmes émotions, et non séparer les esprits par des controverses interminables : en un mot, on dirait que le premier livre offert en hommage à la religion renaissante fut inspiré par cet esprit de paix qui vient de rapprocher toutes les consciences.

On sent trop que le plan d’un pareil ouvrage doit différer suivant l’esprit des siècles, le genre des lecteurs et les facultés de l’écrivain. Le zèle et le talent peuvent prendre des routes opposées pour arriver au même but.

Le génie audacieux de Pascal voulait abattre l’incrédule sous les luttes du raisonnement. Sûr de lui-même, il osait se mesurer avec l’orgueil de la raison humaine ; et, quoiqu’il sût bien que cet orgueil est infini, l’athlète chrétien se sentait assez fort pour le terrasser. Mais le seul Pascal pouvait exécuter le plan qu’il avait conçu, et la mort l’a frappé malheureusement au pied de l’édifice qu’il commençait avec tant de grandeur. Racine le fils s’est traine faiblement sur le dessin tracé par un si grand maître. Il a mêlé dans son poème les méditations de Pascal et de Bossuet. Mais sa muse, si je l’ose dire, a été comme abattue en présence de ces deux grands hommes, et n’a pu porter tout le poids de leurs pensées. Il ébauche ce