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DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

Bacche, veni dulcisque tuis è cornibus uva
 Pendeat ; et spicis tempora cinge, Ceres.
Luce sacrá requiescat humus, requiescat arator, etc.

Et pourquoi commande-t-il ce repos sacré ? parce que tel est l’usage antique,

Ritus ut à prisco traditus exstat avo.

Remarquez bien que les chantres aimables de l’amour, comme les plus sages législateurs, attestent aussi les pratiques du vieux temps.

Au reste, Tibulle est un casuiste très sévère : il veut qu’on vienne avec un cœur chaste aux fêtes publiques ; il repousse d’un ton indigné tous ceux qui, la veille, n’ont pas oublié Vénus :

Vos quoque abesse procul jubeo, discedite ab aris,
 Queis tulit hesternà gaudia nocte Venus.

Il nous apprend ailleurs que, dans ces grandes solennités, Délie se condamnait à la retraite. Il la peint consultant tous les jours les prêtres d’Isis, les devins juifs, les augures latins ; il parle autant de la piété crédule que de l’amour de sa maîtresse ; et c’est pour cela qu’il la chérissait peut-être. Dans tous les temps et dans tous les pays, le culte de l’amour est un peu superstitieux ; quand il cesse de l’être, tous ses enchantements sont finis.

« Dieux de nos pères, s’écrie le poëte, nous purifions nos champs et nos pasteurs. Écartez tous les maux de nos foyers. »

Di patrii, purgamus agros, purgamus agrestes :
 Vos mala de nostris pellite limitibus.