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ŒUVRES DE FONTANES.

Je crois qu’en répandant sur ce chapitre l’éclat des plus vives images, l’auteur a confondu quelques objets qu’il faut distinguer.

Les esprits tournés à la contemplation religieuse doivent sans doute se passionner pour tous les grands spectacles qui leur parlent de la puissance divine. Une piété tendre et vive peut accroître encore cet enthousiasme qui saisit le poëte à la vue des cieux, des mers et des campagnes ; je sais même que certains tableaux du christianisme s’associent très heureusement aux scènes de la nature, et surtout à celles qui ont un caractère majestueux, touchant ou sublime. Le désert où sont ensevelies Thèbes, Palmyre et Babylone, me frappera d’une plus profonde émotion, si j’y vois la pénitence et la prière à genoux sur des ruines ; si, dans quelque décombre de ces villes, agitées autrefois par toutes les passions, un anachorète vit en paix avec Dieu, et médite sur la mort, aux mêmes lieux où tant de grandeurs coupables ont disparu. Le solitaire, qui attend le lever du soleil sur le sommet du Liban, me rendra plus sensibles à la merveille de la lumière et de la création renaissante, s’il répète, au retour du matin, le cantique où David célébrait les œuvres de Dieu sur la même montagne. C’est alors que les cieux et le firmament, qui racontent la gloire de l’Éternel[1], auront pour moi plus de grandeur que ceux où se promène le char d’Apollon. Mais il ne faut rien exagérer ; plus le christianisme est sublime, moins il

  1. Cœli enarrant gloriam Dei.