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ŒUVRES DE FONTANES.

s’embrassent au nom des mêmes aïeux ; et, comme ils ont une origine commune, ils vivront sous les mêmes lois et partageront les mêmes destinées.

Jamais une plus grande nation ne reçut un plus grand bienfait.

De bonnes lois civiles sont le premier besoin de tous. Elles protègent l’homme depuis son berceau jusqu’à sa tombe, et leur prévoyance veille sur les intérêts de tous les âges de la vie. Les systèmes politiques peuvent, jusqu’à un certain point, être livrés aux caprices de l’opinion. Le principe qui constitue les diverses formes du gouvernement n’a pas toujours une influence marquée sur le bien-être des individus : mais le principe qui constitue la famille fait nécessairement le bonheur ou le malheur des membres qui la composent : d’ailleurs, pour créer l’esprit public, il faut d’abord créer l’esprit domestique : pour assurer les fondements de l’État, il faut bien assurer ceux de la famille.

Trop souvent les institutions politiques passent avec ceux qui les établissent ; elles cèdent au moins tôt ou tard à cette fatalité qui entraîne tous les empires. Les institutions civiles, si elles sont conformes à la morale, se transmettent d’âge en âge et de peuple en peuple, et peuvent se conserver en tous lieux avec les sentiments et les intérêts les plus chers au cœur humain.

C’est par là que se recommande encore la mémoire de Justinien, quoiqu’il ait mérité de graves reproches.