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ŒUVRES DE FONTANES.

ses ennemis et marque leur défaite, son œil, qui embrasse l’Europe entière, distingue, au fond des provinces les plus reculées de la France, les moindres détails du gouvernement intérieur. Il porte toutes les idées d’ordre public au milieu de la licence des camps. Il administre en même temps qu’il combat. Le soir d’une victoire, il fonde des écoles pour l’étude des lois. Avant de livrer la bataille, il avait ordonné la fête qui devait célébrer le triomphe.

Nous apprenons tout à coup que de nouveaux embellissements sont préparés pour nos villes, que des canaux se multiplient pour les besoins des campagnes, que les fabriques nationales sont encouragées. que nos arsenaux se réparent, que nos hôpitaux s’enrichissent, et ces décrets bienfaisants sont datés du palais de Marie-Thérèse, ou de cette tente à demi déchirée qu’il habite au milieu des orages, de l’hiver et des frimas de la Moravie. Les délassements de l’esprit se joignent même aux occupations guerrières. Un jeune talent s’élève, il le récompense : une doctrine funeste est publiée, il la condamne avec les ménagements convenables pour le nom de l’auteur ; et, devant les trônes que son courage vient d’ébranler, sa haute sagesse proclame les idées morales et religieuses qui les raffermissent.

En un mot, à chaque poste militaire où il s’arrête un moment, je le vois signer quelques lois sages, méditer quelques travaux pour les jours de la paix, comme s’il était assis tranquillement au milieu de son conseil.