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DISCOURS.

sophie outragea plus d’une fois l’enthousiasma militaire ; osons ici le venger.

La guerre, cette maladie ancienne, et malheureusement nécessaire, qui travailla toutes les sociétés ; ce fléau, dont il est si facile de déplorer les effets et si difficile d’extirper la cause ; la guerre elle-même n’est pas sans utilité pour les nations. Elle rend une nouvelle énergie aux vieilles sociétés ; elle rapproche de grands peuples longtemps ennemis, qui apprennent à s’estimer sur le champ de bataille ; elle remue et féconde les esprits par des spectacles extraordinaires ; elle instruit surtout le siècle et l’avenir, quand elle produit un de ces génies rares faits pour tout changer.

Mais, pour que la guerre ait de tels avantages, il ne faut pas qu’elle soit trop prolongée, ou des maux irréparables en sont la suite : les champs et les ateliers se dépeuplent ; les écoles où se forment l’esprit et les mœurs sont abandonnées ; la barbarie s’approche, et les générations, ravagées dans leur fleur, font périr avec elles les espérances du genre humain.

Le Corps législatif et le peuple français bénissent le grand Prince qui finit la guerre avant qu’elle ait pu nous faire éprouver d’aussi désastreuses influences, et lorsqu’elle nous porte, au contraire, tant de nouveaux moyens de force, de richesses et de population. La guerre, qui épuise tout, a renouvelé nos finances et nos armées ; les peuples vaincus nous donnent des subsides, et la France trouve des soldats dignes d’elle chez les peuples alliés.