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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/363

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ŒUVRES DE FONTANES.

Les opinions changent avec l’âge ; elles se modifient d’après les situations diverses où l’homme est placé. Tel a consumé sa jeunesse dans les orages des factions. qui devient sage à la fin de sa vie. La modération succède à la violence. Quel esprit est assez faux, quel cœur est assez pervers pour ne pas écouter tôt ou tard les leçons de l’expérience et du malheur ?

Quoi qu’il en soit, c’est du cabinet des ministres que les pressentiments funestes ont passé dans la ville et dans les provinces. J’en atteste tous les écrits publiés dans les journaux soumis à la censure. Les ministres, je le répète, si confiants aujourd’hui dans cette loi, n’ont pas toujours montré la même assurance ; ils ont craint qu’elle ne développât avec trop de violence les principes démocratiques. Si j’inclinais vers ces principes, je concevrais des alarmes bien contraires.

Supposez, Messieurs, un de ces génies entreprenants faits pour entraîner à la suite de leurs volontés la fortune, leur siècle et leur roi, pour tout dire enfin. un cardinal de Richelieu. Croyez-vous, de bonne foi. qu’il serait embarrassé de la disposition additionnelle sur les patentes ? Ou dit qu’un trimestre payé d’avance peut faire un électeur. Si ce genre de trafic est possible, il est commode pour l’ambition et l’opulence. Je ne crois pas qu’un démocrate, quelque riche qu’on le suppose, soit tenté souvent de compromettre sa fortune pour satisfaire son amour-propre. Mais un ministre habile et tout-puissant peut ne pas dédaigner ce moyen de corruption. Il reprendrait d’une main ce qu’il donnerait de l’autre, et le privilège accordé n’é-