les variétés inconstantes ? Toutefois, je me rassure, et je reconnais avec vous que les matériaux ne manqueront pas de longtemps à celui qui peint les ridicules. Je ne crois pas qu’en ce genre au moins, on accuse la stérilité du siècle présent.
Vous avez su tracer avec sagesse les devoirs et les privilèges du poëte comique. Sans doute, en attaquant les vices de la société, il doit toujours respecter les principes conservateurs qui la maintiennent. Mais, en exigeant du génie cette circonspection salutaire, vous l’abandonnez ensuite à toute son audace. Vous réclamez pour lui des sauvegardes, et non des barrières.
En effet, quand les autorités étaient faibles et les exemples corrupteurs, les muses ont pu s’abandonner quelquefois à de coupables écarts. Mais ce danger n’est plus aujourd’hui que tout est grand, fort et respecté sous le gouvernement qui les protége. Libres et sages désormais, leurs voix en auront plus d’autorité dans l’avenir. Elles sont chargées de transmettre à la mémoire des événements inouïs. Qu’on reconnaisse à la franchise de leur langage que tout est vrai dans leurs récits, quoique tout y soit merveilleux. Après avoir conté tant de victoires, les trônes détruits ou donnés, les royaumes conquis en moins de temps qu’on ne prenait jadis une ville, elles célébreront surtout les grandes pensées du législateur et les travaux sans nombre qu’il exécute pour la splendeur et la prospérité de son vaste Empire : un même Code gouvernant vingt nations diverses, une magnificence vraiment royale embellissant les cités ; ce Louvre,