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DISCOURS.

Vous connaissez, Messieurs, les causes de ce changement. Elles sont trop déplorables pour les rappeler. Puissent enfin les esprits divisés par tant de partis contraires depuis vingt-cinq ans, se réunir dans les jouissances littéraires ! Celles-là sont amies de la paix. Elles doivent même intéresser ceux qui méditent sur les intérêts politiques. Jadis, à l’avenue du temple des lois, le législateur avait placé toutes les Muses, filles de la Mémoire qui donne les prudents conseils, et mères de la Persuasion qui réunit tous les cœurs.

Il est temps que les Muses rappelées adoucissent les blessures de la patrie. Elles reviennent à la suite d’un Roi dont elles firent la consolation dans ces jours d’absence et de deuil que ses sujets ont plus déplorés que lui-même. Louis XIV protégeait les lettres pour la grandeur de son règne, plus qu’il ne les aimait pour elles-mêmes. Son successeur les aime autant qu’il les protége. Je disais naguère, Messieurs, que les expressions étaient toujours empreintes des vrais sentiments de l’âme ; j’ai fait, sans m’en apercevoir, l’éloge de notre auguste protecteur. Toutes les paroles tombées du haut du trône n’ont-elles pas ce caractère de modération et de magnanimité qu’on admira toujours dans la race de ces grands rois, de ces bons rois qui règnent sur nous depuis neuf cents ans. La postérité recueillera ces paroles mémorables. La France et l’Europe y reconnaissent à chaque instant la sagesse d’un législateur, la bonté d’un père, et la dignité d’un monarque.