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DISCOURS.

nergique sensibilité qu’on admire dans ses vers, et les sages principes qu’on n’admire pas moins dans sa conduite. Avant d’écrire, il avait longtemps fécondé sa pensée par des méditations solitaires ; avant de connaître les dangers du monde, il avait trouvé dans les exemples domestiques tout ce qui pouvait le prémunir contre des séductions étrangères. Son père, dont il ne prononçait jamais le nom qu’avec attendrissement et respect, n’était point un personnage éminent par la fortune ou par les dignités ; mais, comme celui d’Horace, il était homme de bien. J’ai su de M. Ducis lui-même, car j’ai eu l’honneur de le rencontrer plus d’une fois dès ma première jeunesse, j’ai su qu’il lisait souvent la Bible et Plutarque avec ce père vénérable qui ne connaissait guère d’autre lecture. On peut se passer d’une vaste bibliothèque avec ces deux livres, qui renferment tous les trésors de la religion, de la morale et du bon sens.

N’en doutons point : la plus importante éducation pour l’homme est celle qu’il reçoit dans sa famille dès ses premières années. L’éducation domestique doit préparer toutes les autres, et seconder leur influence. Oserai-je ici me permettre une réflexion ? De graves reproches s’élèvent tous les jours contre l’esprit des écoles publiques ; ce n’est pas le moment d’examiner jusqu’à quel point ils sont bien ou mal fondés. Mais que les parents s’interrogent de bonne foi dans le secret de leur conscience. Est-ce aux maîtres du dehors que tout le mal doit être imputé ? « On se plaint des mœurs de nos écoles, disait autre-