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PRÉLIMINAIRE.

mieux réussi dans l’Essai sur la Critique : les vers sur l’harmonie imitative, et quelques autres, sont restés dans la mémoire des amateurs.

Il existe une autre traduction manuscrite de l’Essai sur l’Homme : je veux parler de celle de M. l’abbé Delille. Ce n’est point pour lutter contre lui que j’ai pris le même modèle. J’avais commencé quelques chants d’un poëme dans le genre de Lucrèce et de Pope. Je fis le projet de traduire l’un ou l’autre, pour essayer mon faible talent. Pope, moins long, était plus adapté au goût de mon siècle et de ma nation : je fus bientôt décidé. La malignité peut-être cherchera d’autres raisons de ce choix : je désavoue d’avance toutes celles qu’elle me prêtera.

Je ne connais point la traduction de M. l’abbé Delille : je n’ai jamais eu que le plaisir d’entendre quelques vers de sa troisième épître, au Collège royal, et une cinquantaine de sa première chez un ami commun. Je lus aussi les mêmes passages devant plusieurs personnes, et je n’eus pas l’avantage de me rencontrer une seule fois avec lui.

Plusieurs critiques, sans doute, croiront flatter M. l’abbé Delille, en s’empressant de rabaisser mon travail : je suis convaincu d’avance qu’il est loin de les approuver. Si sa traduction paraît, je serai le premier à lui rendre justice. Je souhaite, pour la gloire de Pope, qu’il ait un interprète digne de lui.


fin du discours préliminaire.