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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/59

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ŒUVRES DE FONTANES.

Souffle dans le zéphire, et sur l’arbre fleurit ;
Il agit dans nos corps, dans nos âmes il pense :
Rien n’est grand ni petit pour sa toute-puissance ;
Il n’est pas moins parfait et moins prodigieux
Dans l’œil du moucheron que dans l’astre des cieux,
Dans le moindre cheveu que dans le cœur du sage,
Et dans le vil mortel qui rampe et qui l’outrage,
Qu’en ces fiers Séraphins aux rayons enflammés,
D’un amour immortel devant lui consumés.
Il est partout divers, et partout se ressemble,
Égale et remplit tout, borne et joint tout ensemble.

 Ah ! n’accuse donc point ce grand Législateur ;
Sur tes maux prétendus il fonda ton bonheur.
Tes destins sont bornés ; mais ta propre fiai blesse
Est un don que du Ciel t’accorda la sagesse.
Sur toi du Tout-Puissant l’œil repose toujours ;
Remis sous sa tutelle au premier de tes jours,
Tu dois rejoindre encore, à ton heure suprême,
Ce Père universel t’attend et qui t’aime.
La nature est pour nous un art mystérieux,
Le hasard, une fin qui se cache à nos yeux.
Sur un trouble apparent le grand ordre se fonde ;
Des maux particuliers nait le bonheur du monde.
Dieu commande, obéis, et, ne blâmant plus rien,
Dis en le bénissant : Tout ce qu’il fit est bien.