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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/86

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ESSAI SUR L’HOMME.



ÉPÎTRE III.




 Oui, tout est fait pour tous ; oui, les lois éternelles
Marchent au même but, mais diffèrent entre elles.
Dans l’ivresse des sens, de l’or ou des grandeurs,
Que cette vérité soit présente à nos cœurs ;
Que le prêtre l’enseigne au fidèle qui prie.

 De ce plan général, qui jamais ne varie,
Notre œil de tous côtés peut saisir les accords.
Un sympathique instinct réunit tous les corps ;
Ils naissent : la nature, entre ses mains actives,
Façonne à chaque instant leurs formes fugitives.
Les vois-tu l’un vers l’autre accourir, se presser,
Et de chaînes d’amour à l’envi s’embrasser ?
Sitôt qu’ils ne sont plus, de leur cendre féconde
Sort un monde nouveau qui repeuple le monde.
De la plante qui meurt l’animal se nourrit ;
Sur l’animal dissous la plante refleurit.
On se prête, en courant, le flambeau de la vie ;
Une race à jamais d’une race est suivie,
Pareille au flot léger qui, d’un souffle de l’air,
S’enfle, s’élève, éclate, et retourne à la mer :