Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome I, 1825.djvu/199

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pour être un de ses Honoraires, et si la bienséance nous permet de dire qu’une place dans cette Compagnie soit la récompense du merite, après toutes celles qu’il avoit recûës du Roi en qualité d’Homme de guerre, il falloit qu’il en recût une d’une société de Gens de Lettres en qualité de Mathematicien. Personne n’avoit mieux que lui rappellé du Ciel les Mathematiques, pour les occuper aux besoins des Hommes, et elles avoient pris entre ses mains une utilité aussi glorieuse peut-être que leur plus grande Sublimité. De plus l’Academie lui devoit une reconnoissance particulière de l’estime qu’il avoit toûjours euë pour elle ; les avantages solides que le Public peut tirer de cet établissement avoient touché l’endroit le plus sensible de son ame.

Comme après la Paix de Riswic il ne fut plus emploïé qu’à visiter les Frontières, à faire le tour du Royaume, et à former de nouveaux Projets, il eut besoin d’avoir encore quelque autre occupation, et il se la donna selon son cœur. Il commença à mettre par écrit un prodigieux nombre d’idées qu’il avoit sur differens sujets qui regardoient le bien de l’État, non seulement sur ceux qui lui étoient les plus familiers, tels que les Fortifications, le détail des Places, la Discipline militaire, les Campemens, mais encore sur une infinité d’autres matières qu’on auroit cruës plus éloignées de son usage, sur la Marine, sur la Course par mer en temps de guerre, sur les Finances même, sur la Culture des Forests, sur le Commerce, et sur les Colonies Françoises en Amérique. Une grande passion songe à tout. De toutes ces differentes vûës il a composé 12 gros Volumes Manuscrits, qu’il a intitulé Ses ’’Oisivetés’’. S’il étoit possible que les idées qu’il y propose s’executassent, les Oisivetés seroient