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tude, parce qu’il les attendait comme des faveurs dues par la fortune. Une ambition si éclairée n’altérait pas la tranquillité de son âme, et en général rien ne l’altérait. Ce courage intérieur et raisonné appartenait plus au savant et au philosophe qu’au guerrier même. Il était fort charitable, surtout à l’égard des honnêtes gens que les malheurs publics ou particuliers réduisaient à implorer le secours d’autrui ; et les libéralités qu’il leur faisait étaient ordinairement proportionnées à leur condition. La plus grande valeur guerrière n’égale point cette vertu. Il est, sans comparaison, plus commun, et par conséquent plus facile d’exposer sa vie à des périls évidens, et presque inévitables, que de secourir en pure perte, non pas un inconnu, mais son ami.



ÉLOGE
DE FAGON.


Guy-Crescent Fagon naquit à Paris, le 11 mai 1638, de Henri Fagon, commissaire ordinaire des guerres, et de Louise de la Brosse. Elle était nièce de Guy de la Brosse, médecin ordinaire du roi Louis XIII, et petit-fils d’un médecin ordinaire de Henri IV.

Dès le temps de Henri IV, on s’était aperçu que la botanique, si nécessaire à la médecine, devait être étudiée, non dans les livres des anciens, où elle est fort confuse, fort défigurée et fort imparfaite, mais dans les campagnes ; réflexion qui, quoique très simple