Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome I, 1825.djvu/471

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mina à la profession de la médecine. Étant sur les bancs, il fit une action d’une audace signalée, qui ne pouvait guère en ce temps-là être entreprise que par un jeune homme, ni justifiée que par un grand succès, il soutint dans une thèse la circulation du sang. Les vieux docteurs trouvèrent qu’il avait défendu avec esprit cet étrange paradoxe. Il eut le bonnet de docteur en 1664.

Comme la surintendance du jardin royal était attachée à la place de premier médecin ; et que ce qui dépend d’un seul homme, dépend aussi de ses goûts, et a une destinée fort changeante, un premier médecin, peu touché de la botanique, avait néglige le jardin royal, et heureusement l’avait assez négligé pour le laisser tomber dans un état où l’on ne pouvait plus le souffrir. Il était si dénué de plantes, que ce n’était presque plus un jardin. Vallot, devenu premier médecin, entreprit de relever ce bel établissement, et Fagon ne manqua pas de lui offrir tous ses soins, qui furent reçus avec joie. Il alla en Auvergne, en Languedoc, en Provence, sur les Alpes et sur les Pyrénées, et n’en revint qu’avec de nombreuses colonies de plantes destinées à repeupler ce désert. Quoique sa fortune fût fort médiocre, il fit tous ces voyages à ses dépens, poussé par le seul amour de la patrie ; car on peut dire que le jardin royal était la sienne. En même temps Vallot employait tous les moyens que lui donnait sa place pour rassembler le plus qu’il était possible de plantes étrangères et des pays les plus éloignés.

On publia en 1665 un catalogue de toutes les plantes du jardin, qui allaient à plus de 4000. Nous en avons déjà parlé ailleurs. Il est intitulé Hortus regius. Fagon