Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome I, 1825.djvu/474

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chaires royales de professeur en médecine dans les différentes universités, et sur les intendances des eaux minérales du royaume. Il se frustra lui-même de tout ce que lui avait préparé, avant qu’il fût en place, une avarice ingénieuse et inventive, dont il pouvait assez innocemment recueillir le fruit, et il ne voulut point que ce qui appartenait au mérite lui pût être disputé par l’argent, rival trop dangereux et trop accoutumé à vaincre. Le roi, en faisant la maison de feu monseigneur le duc de Berry, donna à Fagon la charge de premier médecin de ce prince pour la vendre à qui il voudrait. Ce n’était pas une somme à mépriser ; mais Fagon ne se démentit point ; il représenta qu’une place aussi importante ne devait pas être vénale, et la fit tomber à feu de La Carlière, qu’il en jugea le plus digne.

La surintendance du jardin royal avait été détachée de la charge de premier médecin, et unie à la surintendance des bâtimens qu’avait Colbert. Le premier médecin n’avait plus que la surintendance des exercices du jardin, sans la nomination des places. Quand de Villacerf eut quitté en 1698 la surintendance des bâtimens, Fagon obtint du roi que celle du jardin royal serait réunie à la charge de premier médecin, en laissant néanmoins au surintendant des bâtimens la disposition des fonds nécessaires à l’entretien du jardin. Il eût pu facilement se faire accorder aussi cette disposition, et tout autre ne l’eût pas négligée ; mais ces sortes d’avantages ne touchent pas tant ceux qui ne feraient précisément qu’en bien user.

Il a toujours eu une tendresse particulière pour ce jardin, qui avait été son berceau. Ce fut dans la vue de