où elles contemplent le beau dans son essence ; leurs chutes malheureuses d’un lieu si élevé jusques sur la terre, par la faute d’un de leurs chevaux qui est très malaisé à mener ; le froissement de leurs ailes ; leur séjour dans le corps ; ce qui leur arrive à la rencontre d’un beau visage qu’elles reconnaissent pour une copie de ce beau qu’elles ont vu dans le ciel ; leurs ailes qui se réchauffent, qui recommencent à pousser, et dont elles tachent de se servir pour s’envoler vers ce qu’elles aiment ; enfin, cette crainte, cette horreur, cette épouvante dont elles sont frappées à la vue de la beauté qu’elles savent qui est divine, cette sainte fureur qui les transporte, et cette envie qu’elles sentent de faire des sacrifices à l’objet de leur amour, comme on en fait aux dieux.
Je vous assure que tout cela, bien entendu et fidèlement traduit, veut seulement dire que les belles personnes sont propres à inspirer bien des transports.
Mais, selon vous, on ne s’arrête point à la beauté corporelle, qui ne fait que rappeler le souvenir d’une beauté infiniment plus charmante. Serait-il possible que tous ces mouvemens si vifs, que vous aviez dépeints, ne fussent causes que par de grands yeux, une petite bouche et un teint frais ? Ah ! donnez-leur pour objet la beauté de l’âme, si vous voulez les justifier, et vous justifier vous-même de les avoir dépeints.
Voulez-vous que je vous dise la vérité ? La beauté de l’esprit donne de l’admiration, celle de l’âme donne de l’estime, et celle du corps de l’amour. L’estime et