Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/129

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il vous mène si loin, qu’à peine le pouvez vous croire. Ces deux sortes de gens-là prennent toujours plus qu’on ne leur donne. Vous convenez que, quand deux choses sont semblables en tout ce qui me paraît, je les puis croire aussi semblables en ce qui ne me paraît point, s’il n’y a rien d’ailleurs qui m’en empêche. De là j’ai tiré que la Lune étoit habitée, parce qu’elle ressemble à la Terre, les autres planètes parce qu’elles ressemblent à la Lune. Je trouve que les étoiles fixes ressemblent à notre Soleil, je leur attribue tout ce qu’il a. Vous êtes engagée trop avant pour pouvoir reculer, il faut franchir le pas de bonne grâce. Mais, dit-elle, sur le pied de cette ressemblance que vous mettez entre les étoiles fixes et notre soleil, il faut que les gens d’un autre grand tourbillon ne le voient que comme une petite étoile fixe, qui se montre à eux seulement pendant leurs nuits.

Cela est hors de doute, répondis-je. Notre Soleil est si proche de nous en comparaison des Soleils des autres tourbillons, que sa lumière doit avoir infiniment plus de force sur nos yeux que la leur. Nous ne voyons donc que lui quand nous le voyons, et il efface tout ; mais dans un autre grand tourbillon, c’est un autre Soleil qui y domine, et il efface à son tour le nôtre, qui n’y paraît que pendant les nuits avec le reste des autres Soleils étrangers, c’est-à-dire