Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/139

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Il vaut mieux pour lui, répondis-je, qu’il ne sorte point de notre tourbillon. Je vous ai dit le choc qui se fait à l’endroit où deux tourbillons se poussent, et se repoussent l’un l’autre, je crois que dans ce pas-là une pauvre planète est agitée assez rudement, et que ses habitants ne s’en portent pas mieux. Nous croyons nous autres être bien malheureux quand il nous paraît une comète ; c’est la comète elle-même qui est bien malheureuse. Je ne le crois point, dit la Marquise, elle nous apporte tous ses habitants en bonne santé. Rien n’est si divertissant que de changer ainsi de tourbillon. Nous qui ne sortons jamais du nôtre, nous menons une vie assez ennuyeuse. Si les habitants d’une comète ont assez d’esprit pour prévoir le temps de leur passage dans notre monde, ceux qui ont déjà fait le voyage annoncent aux autres par avance ce qu’ils y verront. Vous découvrirez bientôt une planète qui a un grand anneau autour d’elle, disent-ils peut-être en parlant de Saturne. Vous en verrez une autre qui en a quatre petites qui la suivent. Peut-être même y a-t-il des gens destinés à observer le moment où ils entrent dans notre monde, et qui crient aussitôt, Nouveau Soleil, Nouveau Soleil, comme ces matelots qui crient, Terre, Terre.

Il ne faut donc plus songer, lui dis-je,