Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/146

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pouvoir que de faire naître et mourir des plantes ou des animaux par une révolution continuelle ? Je suis persuadé, et vous l’êtes déjà aussi, qu’elle met en usage ce même pouvoir sur les mondes, et qu’il ne lui en coûte pas davantage. Mais nous avons sur cela plus que de simples conjectures. Le fait est que, depuis près de cent ans que l’on voit avec les lunettes un ciel tout nouveau, et inconnu aux Anciens, il n’y a pas beaucoup de constellations où il ne soit arrivé quelque changement sensible ; et c’est dans la Voie de lait qu’on en remarque le plus, comme si, dans cette fourmilière de petits mondes, il régnoit plus de mouvement et d’inquiétude. De bonne foi, dit la Marquise, je trouve à présent les mondes, les cieux et les corps célestes si sujets au changement, que m’en voilà tout à fait revenue. Revenons-en encore mieux, si vous m’en croyez, répliquai-je, n’en parlons plus, aussi bien vous voilà arrivée à la dernière voûte des cieux ; et pour vous dire s’il y a encore des étoiles au delà, il faudroit être plus habile que je ne suis. Mettez-y encore des mondes, n’y en mettez pas, cela dépend de vous. C’est proprement l’empire des philosophes que ces grands pays invisibles qui peuvent être ou n’être pas si on veut, ou être tels que l’on veut, il me