Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/27

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trop libertine ; mais cela même est assez plaisant,que ce système fût alors une occasion de péché, parce qu’il étoit trop confus. Les bons avis que ce Roi vouloit donner regardoient sans doute la suppression de tous ces cercles dont on avoit embarrassé les mouvemens célestes. Apparemment ils regardoient aussi une autre suppression de deux ou trois cieux superflus qu’on avoit mis au-delà des étoiles fixes. Ces philosophes, pour expliquer une sorte de mouvement dans les corps célestes, faisoient, au-delà du dernier ciel que nous voyons, un ciel de cristal, qui imprimoit ce mouvement aux cieux inférieurs. Avoient-ils nouvelle d’un autre mouvement ? C’étoit aussitôt un autre ciel de cristal. Enfin les cieux de cristal ne leur coûtoient rien. Et pourquoi ne les faisait-on que de cristal, dit la Marquise ? N’eussent-ils pas été bons de quelque autre matière ? Non, répondis-je, il falloit que la lumière passât au travers ; et d’ailleurs, il falloit qu’ils fussent solides. Il le falloit absolument ; car Aristote avoit trouvé que la solidité étoit une chose attachée à la noblesse de leur nature, et puisqu’il l’avoit dit, on n’avoit garde d’en douter. Mais on a vu des comètes qui, étant plus élevées qu’on ne croyoit autrefois, briseroient tout le cristal des cieux par où elles passent, et casseroient tout l’univers ; et il a fallu