Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/29

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dessin qu’a eu la nature, et la magnificence dans l’exécution. Nous lui donnons un petit dessin, qu’elle exécute avec dix fois plus de dépense qu’il ne faudroit ; cela est tout à fait ridicule. Je serai bien aise, dit-elle, que le système dont vous m’allez parler imite de fort près la nature ; car ce grand ménage-là tournera au profit de mon imagination, qui n’auroit pas tant de peine à comprendre ce que vous me direz. Il n’y a plus ici d’embarras inutiles, repris-je. Figurez-vous un Allemand nommé Copernic, qui fait main basse sur tous ces cercles différens, et sur tous ces cieux solides qui avoient été imaginés par l’Antiquité. Il détruit les uns, il met les autres en pièces. Saisi d’une noble fureur d’astronome, il prend la Terre et l’envoie bien loin du centre de l’univers, où elle s’étoit placée, et dans ce centre, il y met le Soleil, à qui cet honneur étoit bien mieux dû. Les planètes ne tournent plus autour de la Terre, et ne l’enferment plus au milieu du cercle qu’elles décrivent. Si elles nous éclairent, c’est en quelque sorte par hasard, et parce qu’elles nous rencontrent en leur chemin. Tout tourne présentement autour du Soleil, la Terre y tourne elle-même, et pour la punir du long repos qu’elle s’étoit attribué, Copernic la charge le plus qu’il peut de tous les mouvemens qu’elle donnoit aux planètes et aux cieux.