Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/50

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guère à un corps qui doit passer pour un astre, mais aussi elle n’est pas parfaite. La lune a un certain balancement qui fait qu’un petit coin du visage se cache quelquefois, et qu’un petit coin de la moitié opposée se montre. Or elle ne manque pas, sur ma parole, de nous attribuer ce tremblement, et de s’imaginer que nous avons dans le ciel comme un mouvement de pendule, qui va et vient.

Toutes ces planètes, dit la Marquise, sont faites comme nous, qui rejetons toujours sur les autres ce qui est en nous-mêmes. La terre dit : Ce n’est pas moi qui tourne, c’est le soleil. La Lune dit : Ce n’est pas moi qui tremble, c’est la terre. Il y a bien de l’erreur partout. Je ne vous conseille pas d’entreprendre d’y rien réformer, répondis-je, il vaut mieux que vous acheviez de vous convaincre de l’entière ressemblance de la terre et de la lune. Représentez-vous ces deux grandes boules suspendues dans les cieux. Vous savez que le soleil éclaire toujours une moitié des corps qui sont ronds, et que l’autre moitié est dans l’ombre. Il y a donc toujours une moitié, tant de la Terre que de la Lune, qui est éclairée du Soleil, c’est-à-dire qui a le jour, et une autre moitié qui est dans la nuit. Remarquez d’ailleurs que, comme une balle a moins de force et de vitesse après qu’elle a été donner contre une muraille qui l’a renvoyée