Aller au contenu

Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

craignoient anciennement que le ciel ne tombât sur eux, & ne les écrasât, les habitants de cette Lune auroient bien plus de sujet de craindre une chute de Jupiter. C’est peut-être là aussi la frayeur qu’ils ont, dit-elle, au lieu de celle des éclipses, dont vous m’avez assurée qu’ils sont exempts, & qu’il faut bien remplacer par quelque autre sottise. Il le faut de nécessité absolue, répondis-je. L’inventeur du troisième système dont je vous parlois l’autre jour, le célèbre Tycho Brahé, un des plus grands astronomes qui furent jamais, n’avoit garde de craindre les éclipses, comme le vulgaire les craint, il passoit sa vie avec elles. Mais croiriez-vous bien ce qu’il craignoit en leur place ? Si en sortant de son logis la première personne qu’il rencontroit étoit une vieille, si un lièvre traversoit son chemin, Tycho Brahé croyoit que la journée devoit être malheureuse, & retournoit prompte ment se renfermer