pour nous. Il y aura dans Jupiter des astronomes qui, après avoir bien pris de la peine à composer des lunettes excellentes, après avoir choisi les plus belles nuits pour observer, auront enfin découvert dans les cieux une très petite planète qu’ils n’avoient jamais vue. D’abord le Journal des Savants de ce pays-là en parle ; le peuple de Jupiter, ou n’en entend point parler, ou n’en fait que rire ; les philosophes, dont cela détruit les opinions, forment le dessein de n’en rien croire ; il n’y a que les gens très raisonnables qui en veulent bien douter. On observe encore, on revoit la petite planète ; on s’assure bien que ce n’est point une vision ; on commence même à soupçonner qu’elle a un mouvement autour du Soleil ; on trouve, au bout de mille observations, que ce mouvement est d’une année ; & enfin, grâce à toutes les peines que se donnent les savants, on sait dans Jupiter que notre Terre est au monde. Les curieux
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