INTR0DUCT10x I Fontenelle vécut presque un siècle. Il disposa donc, pour ainsi dire, d’une double destinée. Il eut le temps d’apparaître comme deux hommes fort divers, et dont le second était infiniment supérieur au premier. Au Coud, c’était le même ; mais on pouvait aisément s’y trompeiy^Une moitié de Fontenelle, celle qu’on vit principalement lorsqu’il était jeune, retardait sur le temps où il vivait. Elle consistait dans le précieux qui exaspéra La Bruyère. L’autre, au contraire, se trouvait en avance. Elle est faite du penseur qui devait dans l’avenir exciter l’enthousiasme — le mot n’est pas trop fort — du physiologiste Flourens. Comment le bel esprit domina d’abord, puis fit bon ménage avec le grand esprit, c{ui finit par tenir à peu près toute la place, c’est ce que nous nous efforcerons de montrer. I
Lorsque le second fils de l’avocat rouennais Le Hovier de Fontenelle apparut à la lumière, le JJ^._fevTierl^7y^n crut qu’il ne la verrait pas longtemps. .Onf ut conUaiut de ne le porter à l’église que quatre jours après sa naissance. Le diable eut peut-être roccasion de lui glisser quelques conseils dans l’intervalle, et il ne fut qu’imparfaitement régénéré par l’eau du baptême. Mais les ci’aintes de ses proches furent vaines : il vécut, et son âme, dès i|u’elle put résléchir, s’arrangea de manière à ménager le mieux possible le logis un peu frêle que le sort lui avait départi.