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DE LA SICILE.

qu’une ville populeuse fut placée dans ce lieu, sans les aqueducs pratiqués dans le rocher à une profondeur assez considérable, qui se divisent dans tous les sens, indiquent les rues, les places, et auxquels communiquaient des puits creusés dans chaque maison. On trouve ainsi jusqu’à trois étages de ces mêmes aqueducs, qui amènent encore, pour ceux qui ne sont plus, l’onde la plus abondante et la plus pure. Le murmure souterrain de ces eaux est à présent le seul bruit qui se fasse entendre dans ce lieu, où, selon l’expression des auteurs anciens, une foule d’hommes se pressaient, se heurtaient sans cesse avec la même agitation que les eaux de la mer dans un détroit. Le cri de l’oiseau sauvage anime parfois cette solitude où des milliers d’individus vécurent, aimèrent, amassèrent de l’or, et combattirent avec tant d’acharnement et de gloire.

Quelle génération peut mieux que la nôtre se figurer ces grands désastres ? Est-ce donc pour nous prouver la vérité des malheurs des races passées, que la Providence étend sur l’univers les sinistres lueurs de l’incendie des villes grecques, et nous effraie aujourd’hui par