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DE LA SICILE.

les nôtres, d’établir un opéra, vingt autres théâtres, des maisons de jeu, enfin tout ce qu’une civilisation perfectionnée nous a rendu indispensable. Si le progrès des lumières devait les élever jusque là, on concevrait leur éloignement pour elles.

Guidé par un ermite d’une figure peu rassurante, je me suis promené dans les catacombes de Saint-Jean ; c’est le labyrinthe de la mort. Des corridors à perte de vue, des salons ronds, des salles carrées, creusés dans le tuf, sont garnis, à droite et à gauche, d’ouvertures de différentes dimensions. Là dormaient les morts de toutes les conditions, de tous les âges. D’autres cavités plus profondes contenaient toute une famille. Était-ce bien mens una, cinis unus ? Les catacombes de Syracuse produisent peu d’effet après ces hypogées de Thèbes dont l’imposante grandeur ne saurait s’effacer de ma mémoire.

Il est cependant impossible que ce monument de la simplicité et de l’égalité des honneurs rendus aux morts ne date pas du temps de la liberté, de l’époque grecque. On est surpris, en s’enfonçant dans cette ville ténébreuse, de se trouver, sans s’en apercevoir, dans un étage