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NOTES.

Ségeste, soit homme libre, soit esclave, ou citoyen, ou étranger, qui voulût y porter la main. Sachez qu’on fit venir de Lilybée quelques barbares, qui, ne soupçonnant rien de cette impiété, s’engagèrent pour de l’argent à l’ôter de sa base. Figurez-vous le concours prodigieux des femmes, à la vue de ce déplorable spectacle. Concevez les gémissemens des vieillards, dont quelques-uns se souvenaient du jour où cette même Diane, reportée de Carthage à Ségeste, avait annoncé le succès des armes romaines. Quel contraste ! À cette époque brillante, un héros, général du peuple romain, rendait aux Ségestains les dieux de leurs pères, qu’il avait repris sur les ennemis ; et dans leur vieillesse ils voyaient un préteur de ce même peuple, non moins infame que détestable, les enlever par le sacrilège le plus horrible. Qui ne sait pas, dans toute la Sicile, que, lors de cette exportation, les femmes et les filles de Ségeste, entourant la statue, répandirent sur elle des parfums précieux, la couvrirent de fleurs et de guirlandes, brûlèrent de l’encens en son honneur et l’accompagnèrent jusqu’aux confins de leur territoire ? (Cicéron, Verr. iv, 33.)


(7). Page 64. Il ne sera pas mal d’exposer ici très-succinctement l’histoire de cette mémorable vengeance.

Charles d’Anjou régnait en Sicile depuis l’an 1265.