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NOTES.

suffisait bien pour qu’on publiât qu’ayant fabriqué des ailes pour lui et pour son fils, ils s’envolèrent de Crète et traversèrent la mer Égée. Le jeune homme, impatient d’aborder en Sicile, se noya en débarquant, et il n’en fallut pas davantage pour répandre et accréditer le conte que, s’étant trop élevé, trop approché du soleil dans son vol, la cire qui unissait les plumes de ses ailes s’était fondue, et qu’il était tombé dans la mer. En passant près de l’Italie, Dédale s’arrêta à Cumes et à Capoue, et y bâtit des temples à Apollon. Virgile, dans le VI.e livre de l’Énéide, célèbre celui de Cumes et décrit les portes de bronze, travail admirable de Dédale. Ce statuaire fut accueilli en Sicile par Cocalus, pour lequel il construisit près d’Agrigente un palais qui lui servait de forteresse, et qui était placé sur un rocher élevé et d’un accès très-difficile ; Cocalus y renferma ses trésors. On montrait en Sicile d’autres monumens qu’on attribuait à Dédale ; entre autres, des bains chauds dans une grotte près de Sélinonte, et des édifices autour du temple de Vénus, sur le mont Éryx, dont il combla les précipices : la plupart de ces ouvrages n’existaient plus du temps de Diodore de Sicile. La vengeance de Minos poursuivit Dédale à la cour de Cocalus ; il y arriva avec une flotte nombreuse, et exigea du roi qu’il lui livrât le statuaire qui avait offensé. Cocalus, paraissant céder aux instances et aux menaces de Minos, l’invita à venir dans son palais,