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NOTES.

vernement prétendu paisible de Verrès, la victoire du général avec l’arrivée du préteur, la cohorte infame de celui-ci avec l’invincible armée de celui-là, les passions tyranniques de l’un avec la modération de l’autre ; et vous conviendrez que le vainqueur de Syracuse en fut vraiment le père ; que celui qui l’a trouvée florissante, s’en est montré le destructeur.

Je passe ici différens traits, qui sont épars dans ce que j’ai dit, ou que je rapporterai dans la suite. Je ne dirai pas que la place publique de Syracuse, où le sang ne coula point lorsque Marcellus en eut fait la conquête, a regorgé de celui d’une infinité d’innocens à l’arrivée de Verrès ; que son port, où n’avoient jamais pénétré ni les flottes romaines, ni celles des Carthaginois, a été ouvert, sous sa préture, à un chétif brigantin de pirates ; qu’il a fait violence à nombre de jeunes gens de condition libre, déshonoré des mères de famille, ce qu’on ne vit pas alors, c’est-à-dire, dans un temps où la prise de la ville, la colère d’un ennemi vainqueur, la licence du soldat, les usages de la guerre et les droits de la victoire semblaient tout autoriser. Je vais, dis-je, omettre tous ces excès, dont, pendant trois ans, il a comblé la mesure ; je me borne à citer les faits relatifs à l’espèce de crimes qui m’occupe en ce moment.

Vous avez souvent entendu dire que Syracuse est la plus grande et la plus belle de toutes les villes de