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NOTES.

d’infamie les ornemens de la chaste Minerve. Il a fait encore enlever de ce même temple vingt-sept autres tableaux très-bien faits, parmi lesquels étaient les portraits des anciens rois ou tyrans de la Sicile, qui charmaient tous les yeux, non-seuiement par la beauté du travail, mais par la célébrité de ceux dont ils rappelaient le souvenir et les traits. Et remarquez, s’il vous plaît, Romains, combien ce nouveau tyran de Syracuse a été plus détestable qu’aucun de ceux qui l’avaient précédé. Les autres du moins se faisaient un devoir d’embellir les temples des dieux, au lieu que celui-ci n’a pas craint de renverser leurs monumens et de s’approprier leurs dépouilles.

Que dirai-je des portes du temple ? Je crains que ceux qui ne les ont pas vues ne me soupçonnent d’exagération ; et pourtant quelle apparence que je m’oubliasse au point de mentir impudemment en présence de tant de personnages du premier rang, devant des juges dont la plupart ont été à Syracuse, et pourraient confondre ma témérité ? Ces portes étaient enrichies d’or, sur un fond d’ivoire ; et je puis assurer hardiment que jamais on n’en vit de plus belles à l’entrée d’aucun temple. Nombre d’écrivains grecs en parlent avec complaisance. Il se peut que leur enthousiasme soit excessif, et qu’ils aient outré leurs éloges : mais toujours est-il vrai de dire que notre général, en laissant à des ennemis vaincus les objets