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NOTES.

l’on doit presque vous pardonner ce vol. Quoi donc ! ce chef-d’œuvre de Silanion, si digne de son auteur, si bien travaillé, si parfait, appartiendrait, je ne dis pas à un particulier, mais à tout un peuple, plutôt qu’à un connaisseur aussi fin, aussi délicat, que Verrès ! Assurément on ne peut lui contester la préférence. Pour nous tous, envers qui la fortune n’a pas été aussi prodigue, il ne nous appartient pas d’avoir les mêmes fantaisies. Si quelqu’un de nous a la curiosité de voir quelque rareté de ce genre, qu’il aille au temple de la Félicité, au monument de Catulus, au portique de Métellus ; qu’il trouve le moyen de se faire introduire dans le Tusculum de quelqu’un de nos gens heureux ; qu’il contemple la place publique, s’il arrive qu’elle soit décorée des morceaux précieux que ce personnage important aura bien voulu prêter à nos édiles.

Verrès aura donc chez lui tant de belles choses ! Ses maisons de ville et de campagne recéleront les ornemens des villes et des temples ! Et vous souffririez plus long-temps, citoyens, les goûts et les caprices de ce vil artisan, qui, par sa nature, par son éducation, par la tournure de son esprit et de son corps, paraît beaucoup plus fait pour porter les statues que pour les avoir en propre !

On concevra difficilement combien cette Sapho laissa de regrets. Outre qu’elle était de la plus grande