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HISTOIRE INDIENNE.

de cette maison de deuil. Placée à genoux auprès de ce lit de mort, elle inondait de larmes pieuses le front glacé de son père.

Solamé d’Averney était fille de ce Français et de la veuve d’un poligar[1] du royaume de Canara ; elle demeurait orpheline avec une fortune indépendante, une ame élevée et un caractère formé à l’école de l’adversité. Quand je la vis, le sentiment profond de la perte qu’elle venait de faire et de l’isolement dans lequel elle se trouvait, ajoutait à l’expression de ses traits je ne sais quoi de sublime, de surnaturel. Je n’essaierai pas de donner une idée de ce qu’elle me parut être depuis. La taille et la figure de Solamé ne sont pas ce que j’ai connu de plus parfait, mais ce que j’ai rencontré de plus séduisant sous le rapport de la grâce et d’un charme tout à-la-fois décent et voluptueux. À la souplesse, à l’harmonie des formes les plus élégantes elle joignait cette transparence de la peau qui permet de suivre le cours du sang sous la carnation légèrement olivâtre des femmes de l’Indoustan. La modeste langueur de ses

  1. Grand seigneur indien.