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LE RAJAH DE BEDNOURE,

» Nous apprîmes alors les détails de l’événement qui faillit nous devenir si funeste. Misra avait conçu le projet de ne plus revenir à la vallée de Gattnura, de chercher la mort loin de nous. Une chasse dangereuse lui parut un moyen sûr de nous punir. Il poursuivait de près un jeune tigre blessé, qui revint sur le rajah au moment où sa dernière zagaie venait de se briser. La fuite fut inutile : atteint déjà par l’animal furieux, le jeune prince serait devenu sa victime sans le secours miraculeux d’un éléphant. La crainte éloigna sans doute le tigre ; l’évanouissement de Misra datait de cet instant, et il écoutait comme une fable l’histoire de sa délivrance par cet ami de l’homme, par ce bon éléphant qui nous l’avait rendu.

» Misra était si bien rétabli à l’époque de la fête d’Houlié, que nous profitâmes de cette solennité, consacrée à célébrer le retour du printemps, pour communiquer au rajah ce qu’il lui importait si fort de connaître. Mon père y ajouta qu’il avait des raisons pour concevoir de hautes espérances dans un avenir assez prochain. L’ame de Misra était supérieure à ce changement de destinée. Tu ne cesseras donc